Tandis qu’une année 2025 incroyablement riche en excellents jeux touche à sa fin et alors que le rythme effréné des sorties se calme un peu à l’approche des fêtes, il est de bon ton d’accorder plus d’attention à certaines pépites qui ont pu passer entre les gouttes par faute de temps de notre part. Tel est notamment le cas d’Absolum, un excellent mélange entre beat’em all et roguelite par les talentueux français à qui l’on doit notamment le retour très réussi de Streets of Rage 4.
Malheureusement pour lui, Absolum est arrivé le 9 octobre 2025 sur PC, PS4, PS5, Nintendo Switch (et surprenamment pas chez Xbox), soit durant un mois affreusement chargé en grosses sorties. C’est en effet en octobre qu’on a également vu sortir Ghost of Yotei, Digimon Story Time Stranger, l’accès anticipé de 2XKO, Battlefield 6, Ball X Pit, Légendes Pokemon Z-A, Ninja Gaiden 4, Dispatch ou encore The Outer Worlds 2, entre autres énormes jeux notables du mois, et qui disposaient de campagnes de communication bien plus fournies.
Au milieu de ce calendrier proprement infernal, Absolum est hélas assez largement passé sous les radars, la faute notamment à une certaine discrétion de la part des équipes sur le projet, dont DotEmu et Guard Crush, qui nous ont notamment gâté de Streets of Rage 4, TMNT Shredder’s Revenge ou Marvel Cosmic Invasion début décembre 2025. Soit de très solides beat’em all modernes avec une délicieuse couche rétro. Il convient donc, avec certes un peu de retard, d’accorder dans nos colonnes à Absolum l’attention qu’il mérite, car voici encore une belle pépite française indépendante de 2025 qui vaut clairement le détour.
Absolum, une fresque magique qui fait furieusement penser à Golden Axe
Même si le synopsis n’est pas vraiment ce qu’on attend le plus dans un jeu du style, Absolum tente de sortir du lot avec un univers fantasy un peu sombre. Le jeu place alors son récit dans le monde original de Talamh, ravagé par un terrible cataclysme magique. Profitant du chaos, le Roi Soleil Azra a pris le pouvoir et conquis la plupart des royaumes en les dirigeant d’une poigne de fer et en bannissant toute forme de magie. Avec un petit groupe de mages rebelles, la grande enchanteresse Uchawi tente de lever une résistance visant à renverser ce monarque tyrannique et ramener l’harmonie dans Talamh.
L’histoire, somme toute assez classique, d’Absolum est cependant surtout un prétexte pour justifier de nous envoyer tabasser des hordes d’ennemis dans le plus pur style d’un beat’em all à défilement horizontal à l’ancienne, en solo comme en coopération avec un autre joueur. Pour cela, nous pourrons au début incarner au choix Galandra, une sorcière elfe maniant une énorme épée ; ou Karl, un nain se battant avec ses poings et un tromblon. D’emblée, force est de constater que le jeu affiche une superbe direction artistique, portée notamment par des animations magnifiquement chorégraphiées par le talentueux studio Supamonks.

Pour ce qui est du gameplay, on retrouve évidemment les maîtres français du beat’em all moderne que sont DotEmu et Guard Crush, qui nous servent une fois encore avec Absolum un titre à la fois relativement simple à prendre en main, mais très profond et exigeant pour en maîtriser toutes les subtilités. Il ne sera en effet pas question de retenir une pelletée de combos, l’utilisation de quelques touches plutôt basiques suffisent pour rapidement prendre le jeu en main. À noter ceci dit que la manette est vivement recommandée, le combo clavier/souris n’étant pas très adapté à ce genre de jeu.
En effectuant les bonnes combinaisons de boutons, on pourra cela dit approfondir notre compréhension d’Absolum et de chaque personnage, qui disposent bien sûr tous d’une jouabilité et de capacités uniques histoire de coller au style d’un maximum de joueurs. Le véritable sel du gameplay du jeu prend pleinement son sens lorsqu’entrent en compte les mécaniques de garde et de contre à utiliser à un timing très précis, notamment contre des boss qui vont clairement mettre vos talents à rude épreuve.

Dans la forme et l’exécution, difficile par ailleurs de ne pas voir dans Absolum une forme de mélange entre Streets of Rage et Golden Axe, une franchise légendaire des années 90. Durant notre progression, on va en effet non seulement se battre avec notre personnage, mais aussi utiliser les montures de nos adversaires, comme dans la célèbre licence de SEGA. Mais ce gameplay beat’em all d’excellente facture n’est qu’un aspect de ce qui fait d’Absolum l’une des plus belles gemmes vidéoludiques de l’année, puisqu’à cela il faut également ajouter une dimension roguelite diablement addictive.
Une bonne dose de rejouabilité rogue-lite pour parfaire la formule
Généralement, un beat’em all trouve en effet une certaine limite dans la durée de vie un brin limitée de sa campagne, qu’il compense par des boss très difficiles pour nous forcer à relancer plusieurs parties. Absolum fait le tour de force d’ajouter à cette formule une dimension roguelite qui lui offre une rejouabilité folle et très ingénieuse.
Dès les premières parties avec Galandra ou Karl, on va en effet progressivement découvrir de nouvelles mécaniques, débloquer de nouveaux chemins, mais aussi deux personnages supplémentaires : Cider, un mystérieux pantin assassin (doublé au passage par Samantha Béart, la voix de Karlach dans Baldur’s Gate 3, rien que ça) et Brome, un mage grenouille. Dans une telle configuration, échouer fait naturellement partie intégrante de l’expérience, et permettra de récolter des ressources qui viendront renforcer nos personnages, débloquer des capacités uniques toujours plus puissantes ou bonus passifs permanents, et donc améliorer progressivement nos chances de réussir de futures runs.

L’aspect roguelite d’Absolum s’illustre également par des pouvoirs à récupérer et qui nous aideront uniquement durant notre partie en cours. Au début, ces améliorations seront assez limitées, mais s’étofferont largement au fil de notre progression globale, et viendront orienter quelque peu notre manière de jouer pendant une run donnée. Ces pouvoirs peuvent par exemple renforcer nos coups de base, nos projections, ou nos contres. Il faudra donc composer avec ces améliorations pour espérer avancer le plus possible. Il s’agit également d’une habile manière de nous encourager à mieux maîtriser les différentes mécaniques du jeu, afin à terme de connaître le gameplay global du titre et de nos héros de prédilection jusqu’au bout des doigts.

Absolum ne nous laisse en réalité pas vraiment le choix : en combinant beat’em all et roguelite, le titre de DotEmu et Guard Crush est en effet particulièrement difficile. Il sera donc absolument nécessaire d’apprendre à maîtriser le jeu, au risque de rester bloqué face à un boss particulièrement retors pendant (très) longtemps. Une telle exigence risque à la longue de rebuter les joueurs n’étant pas trop adeptes d’un tel style de jeu résolument old-school, de même qu’une certaine répétitivité inhérente à une dynamique roguelite.
Il serait cependant dommage de ne pas laisser sa chance à Absolum, qui peut complètement être un jeu fil rouge qu’on sort de temps en temps pour faire quelques parties, notamment sur un Steam Deck et appareil équivalent où il tourne à merveille. La dimension roguelite du jeu se prête parfaitement à une telle approche occasionnelle/nomade, et cela permet en prime d’en prendre à chaque fois plein les yeux grâce à sa direction artistique magnifique, mais aussi plein les oreilles avec une bande-son de toute aussi excellente facture chapeautée par Gareth Coker (Ori), Yuka Kitamura (Elden Ring) et Mick Gordon (DOOM Eternal). Excusez du peu !
